Green à toutes voiles
Se débarrasser du pétrole, l'idée gagne le terrain (n'en déplaise aux grincheux qui me font sourire). Dans l'univers des courses en mer, ce n'est pas nécessairement si évident que cela. La performance sportive peut sembler éloigner des préoccupations environnementales. Et pourtant, certains font bouger les lignes. Rencontre sur le salon nautique avec Roland Jourdain.
Pour le double vainqueur de la Route du Rhum, c'est le bon moment. En grec, cela se dit, Kairos, le nom de sa société. Le bon moment pour s'intéresser un peu plus à la planète et réfléchir à faire évoluer le monde de la course au large. En cinq ans, il a bien avancé. Surtout en allant chercher des savoirs-faire: les tisseurs de lin, les producteurs de chanvre et des hommes passionnés par la nature et ce qu'ils vont laisser leurs petits-enfants, comme Christian Karcher, le patron de S3 Boards. Allier performance sportive et responsabilité environnementale, c'est possible. Des partenariats aussi avec l'Ifremer et l'Université de Bretagne Sud.
Roland Jourdain avance lentement mais surement. Il a d'abord débuté l'aventure de l'éco-conception par des surfs. Des tests sur le vieillissement, des tests aussi avec les surfeurs. Jusqu'au Brow Sugar, ce 1er stand-up paddle éco-conçu (pour les non-initiés, mi-kayak, mi-surf, le paddle se pratique debout sur une planche propulsée à la rame.) Aujourd’hui, 90 % des paddles sont fabriquées en Malaisie et en Chine à partir de dérivés du pétrole, avec Brown Sugar, rien de commun: du lin, de la cellulose, de la résine époxy bio-sourcée à 55 %, PSE recyclable. "Il ne faut pas se faire d'illusion, des bateaux de course éco-conçus ce n'est pas encore pour demain" explique Roland Jourdain. "On s'approche de la fibre de verre pas encore de celle de carbone". C'est pourquoi, dans la profession, on progresse davantage sur les énergies renouvelables. Plus facile, ces énergies sont une vraie aide à la performance. Mais peut-être encore une goutte d'eau: un tour du monde en solitaire, c'est trois pleins de voiture.
Autant commencer donc par des plus petits bateaux. 7 mètres tout de même. Prochaine étape: le trimaran Gwalaz dont la construction devrait être achevée fin mars. Une vraie rupture technologique. Les premiers tests seront effectués autour de la Bretagne. En prime, Roland Jourdain mise sur le production locale et le développement d'une économie territoriale. C'est cela aussi la clé du développement durable. Autre perspective: le recyclage. Les premiers bateaux en carbone construits il y a 20 ans arrivent en fin de vie. Qu'en faire ? C'est décidément le bon moment pour agir.
Si vous voulez jeter un oeil, ne perdez pas de temps, le salon Nautique Porte de Versailles à Paris ferme ses portes ce dimanche 16 décembre.