Pourquoi Hollande dit-il que "le pire est passé"
... alors qu'il sait très bien que ce n'est pas vrai! Parce qu'il est pris, lui aussi, par le syndrome de la "complaisance"
Flinguez les "docteurs doom"
On est dans le dur, les nouveaux responsables politiques découvrent une situation qui se dégrade plus vite qu’on ne l’avait imaginé, ils ne disent rien, mais les chefs d’entreprises parlent pour eux. Tous vous êtes en train de vous battre pour défendre la marge et le chiffre d’affaire… on n’en a rien à foutre des mecs qui nous parlent de l’apocalypse. Moi-même je les écoute d’un air distrait. Mais bon, ils sont là.
Et donc, ils vous disent, qu’en prolongeant les courbes, la France est l’année prochaine le premier émetteur de dette de la zone euro, qu’il va falloir aller chercher 200 milliards de refinancement, et qu’on sera seul au front, l’Italie garde un excédent primaire, l’Espagne sera sous perfusion, et nous serons nous dans une telle urgence qu’il faudra peut-être y songer aussi.
La France qui fait appel au MES mi-2013 : « NON MAIS CA VA PAS !!! T’AS PAS FINI TES CONNERIES » c’est ce que j’ai dit moi aussi. En face de moi, l’expert (top expert, top de chez top, croyez-moi) était blasé, « moi je prolonge les courbes, tu sais, rien d’autre… »
Hollande le sait parfaitement
Bon, pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’à L’Elysée y en a d’autres des experts qui prolongent les courbes, qui voient bien que nous sommes le seul pays de la zone Euro, à ce stade, à n’avoir entamé aucune réforme structurelle. D’ailleurs, c’est la facture du sarkozysme qui se profile. 2013 c’est même très exactement la facture TEPA, le « choc fiscal » du précédent quinquennat, avec les jeux de maturité de la dette, on paye en moyenne 6-7 ans après.
Donc, à l’Elysée, le président, il le sait tout ça. Encore une fois, il peut juger que ce sont des conneries, mais au fond, il sait très bien que la possibilité existe. ALORS ?? ALORS POURQUOI BON DIEU NOUS DIT IL QUE LA CRISE DE LA ZONE EURO EST PROCHE DE LA FIN ??
le grand Bluff
C’est dingue !! Cette histoire m’échappe totalement. D’autant qu’on fait tous le parallèle avec Sarkozy, qui avait dit peu ou prou la même chose en janvier dernier
Je n’ai pas l’habitude de prendre les responsables politiques pour des truffes. Je pense même radicalement le contraire. Il y a donc une stratégie derrière cette phrase. Est-ce que c’est le premier acte du « choc de confiance » ? On doit essayer de briser les « anticipations récessives des agents économiques » (toi aussi, parle la novlangue expert), bref, faire en sorte que les gens arrêtent de penser qu’il faut se mettre à l’abri. Un pan de la recherche économique vous dit qu’en l’occurrence il peut être utile de dire la vérité, même de noircir le tableau. On se dit alors que l’on sait « à quoi s’en tenir », que les dirigeants ont « pris la mesure », et paradoxalement ça détend
La phrase d’Hollande nous indiquerait que ce n’est pas la voie choisie. Que l’on fait même le choix radicalement inverse. Encore une fois, dire qu’il y a une vérité dans ce domaine est particulièrement présomptueux. Il s’agirait de jouer LE GRAND BLUFF, une sorte de méthode Coué continentale. Et d’ailleurs, les Allemands qui nous parlent de « baisses d’impôts parce que leurs « finances sont en ordre » alors qu’ils ont encore un ratio de dette/PIB de 80%, ne sont-ils pas dans cette logique-là ? (un correspondant m'écrit, à l'instant "la perception façonne la réalité", c'est exactement ça)
La théorie des 4 "C"
Cet après-midi, sur l’antenne de BFMbiz l’un des économistes de Rotschild, Raphael Gallardo nous décrivait un cycle qu’il remarquait systématiquement depuis 4 ans : crise/concertation/calme/complaisance… et re-crise/etc… une crise de marché amène la concertation des Etats qui amène un peu de calme… on devrait en profiter pour s’attaquer aux réforme de structure, le 4ème « c » devrait être « compétitivité », mais non, on se dit que le plus dur est passé, c’est la « complaisance ».
C’est une explication géniale. Mais elle nous dit malheureusement que la phrase d’Hollande peut être le début d’une nouvelle séquence