Ils sont pas un peu relous, tes gars?
J'ai compris ce matin que les "pigeons" n'avaient évidemment rien gagné du tout. Oui, je sais, j"ai gardé une âme d'enfant, j'ai cru quelques heures au Père Noel. Fini de rire.
4heures du mat, on prépare les tous derniers réglages de l’émission, et je parcours une dizaines de mails sur les négociations qui se sont tenus dans les différents ministères, le constat qui s'impose alors très vite est implacable : le mouvement des entrepreneurs s'est fait dévoré par la machine politique.
4heures du mat, dans la rédaction, je dis "dites donc, je ne sais pas ce que disent les dépêches mais les entrepreneurs restent très méfiants...
-ils sont pas un peu relous, tes gars ?"
l’interjection a fusé tout de suite, parfaitement spontanée, parfaitement naturelle. Voilà ce que vont se dire désormais tous ceux qui ne sont pas au contact direct de ce qui se passe.
Des miettes de chapeau partout sur la table des ministres
L’opinion a entendu depuis 24 heures que les « entrepreneurs », les « pigeons » avaient gagné. L’opinion a même entendu que le gouvernement avait reculé. Vous n’avez pas remarqué ? C’est troublant pourtant. Jamais un gouvernement n’accepte le terme de « reculade ». Or là-dessus, il ne semble poser aucun problème. C’est même spectaculaire de voir avec quelle délectation Mme Pellerin, par exemple, accepte de manger son chapeau. Elle en redemande. Vous avez pas du rab’ de chapeau? C’est les frites à la cantine cette histoire.
C’est évidemment le meilleur moyen d’éteindre toute vélléité de retour de flamme. « Ils sont pas un peu relous tes gars ? » Bin oui, les miettes de chapeau partout sur la table du gouvernement, et on nous en demande encore ? Il sera bien sûr impossible de faire repartir le mouvement quand chacun réalisera les nouvelles incohérences du nouveau dispositif mais que le gouvernement jurera, la main sur le coeur et du chapeau plein la bouche, qu'il a cette fois ci compris l'appel des entrepreneurs
Pourtant vous savez déjà comment les choses vont tourner: mal
La situation est la suivante : vous avez trois ministres, qui discutent avec une dizaines d’organisations plus ou moins représentatives, pendant que les services de Bercy qui n’écoutent personne et ne vont pas commencer demain, préparent des correctifs dont l’essentiel est qu’ils soient le plus incompréhensibles possible. Ce matin, sur la boite mail, j’avais dix versions différentes, de dix conversations différentes, avec dix interlocuteurs différents. Créateur d’entreprise, investisseur, VC, BA, investisseur en capital, PVM, Medef, Afic, Afep …. Aaaaargh !!! Ils ont dû bien se marrer à Bercy
Ce qui parait à peu près sûr, c’est que le gouvernement est en train d’inventer « fiscalement » l’entrepreneur. Avouez que ça manquait. Je ne veux même pas m’étendre là-dessus tellement c’est ridicule.Cette histoire va se finir avec une nouvelle niche. C'est cocasse, une niche pour un pigeon.
Pendant ce temps, l’incertitude est en train de paralyser les acteurs, la machine économique s’arrête doucement.
Follow up: l'un des participants des négociations m'appelle après la lecture de ce papier, "trop sévère, leur diagnostic des faiblesses de la France était bluffant, ils ont compris énormément de choses, ils ont la volonté d'avancer dans le bon sens". J'ai lu la même chose dans cet article très précis (ici). Bon, j'étais peut-être mal luné, ce matin, ou alors, décidément, il est très difficile de renoncer à croire au Père Noel