Pigeons, une autre version médiatique
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Le récit à la première personne des premières heures de médiatisation, et ma conviction que c'est le Financial Times, et personne d'autre, qui a fait basculer le gouvernement
Pour moi tout est parti de la tribune écrite vendredi dernier, juste après la publication du Projet de Loi de Finances parJean David Chamboredon (ici) patron du fond ISAI (entrepreneurs internet) sur le site de La Tribune. Et je suis tombé dessus... parce que je parcours la presse économique le samedi matin. Vraiment rien d'autre. Je n'ai répondu à aucun appel, aucune pression, aucune force obscure. Le texte était très clair, implacable. Une heure environ de vérification auprès de quelques investisseurs, et je comprenais que le problème était grave. Je ne connaissais pas Jean David Chamboredon, un rapide tour sur Twitter pour le localiser, un échange de mail dont je vous donne le dernier
Je sais aussi que les media généralistes ne vont pas tout de suite en comprendre l'impact, le sujet est complexe et si les spé éco des grandes rédactions le font, ça ne passera pas la barre de la rédaction en chef un dimanche soir (qui n'a jamais vu l'oeil fatigué d'un red chef le dimanche soir ne sais pas vraiment ce qu'est la détresse) J'ai donc une chance d'être seul, autant vous dire qu'on adore ça, et quitte à être seul autant l'être massivement pour marquer une vraie différence.
Dans ce cas là, on cherche à s'assurer de la "reprise" (le fait, pour un petit media, d'être repris par un plus gros), c'est une logique commerciale classique.
Cette reprise ne peut être assurée que par un "nom", et celui de Marc Simoncini s'impose naturellement, parce qu'il est entrepreneur du net et investisseur, parce qu'il parle régulièrement de fiscalité et parce qu'il attire la lumière avec une facilité déconcertante (c'en est même rageant à quel point ce type à tout bon! )
Là encore un contact des plus simples grace à Twitter, en "messages privés", je vous les soumets en dessous, vous voyez que la star essaie de gratter une demie-heure de sommeil, et qu'on n'est pas en train de préparer le débarquement de Normandie. Là encore, aucun intermédiaire d'aucune sorte entre nous deux. Les interventions sur BFMbusiness participeront à l'allumage de la mèche (nous sommes écoutés par les spécialistes écos des grands media) et je ne vois pas l'ombre d'un début de complot dans la façon dont nous avons travaillé. J'ai lu avec intérêt les enquêtes de mes confrères (ici) , mais vous réalisez aussi, combien ce métier est d'abord, un métier d'artisan. Franchement, les complots, les campagnes, sont souvent essentiellement dans les têtes de ceux qui les subissent (le saint des saints reste Le Parisien, cette affaire n'a jamais approché la une, pas plus qu'elle n'a fait l'ouverture du 20H, disons le, si complot il y a eu, on est resté loin du 18 Brumaire)
Quand je dis "aucun fait précis", j'exagère. L'un des participants de la grande rencontre avec les ministres jeudi dernier raconte qu'il a eu droit à un cours de morale de Pierre Moscovici sur le thème: vous avez dégradé l'image de la france à L'étranger. On peut penser que c'est bien le tout premier article du Financial Times (ici) qui a tout fait basculer. Ne prendre aucun risque avec "l'image de la France"
Avouez que c'est troublant. le FT écrit le 3 au matin, et tout bascule soudain dans le sens des Pigeons, alors que médiatiquement tout était mûr pour la contre-attaque: les provocations de certains pigeons commençaient à nous exaspérer, des entrepreneurs de gauche se proposaient de jouer la 5ème colonne et le sujet n'occupait tout de même qu'une place très relative dans les débats des grands media. Le drame d'Echirolles et le scandale du hand tendaient même mécaniquement à l'amener doucement au stade de la "brève". Drôle d'ambiance pour une reculade politique majeure
Mais notre gouvernement est parfaitement conscient de l'état d'apesanteur dans lequel flotte aujourd'hui la dette française. Les taux d'intérêts dont nous bénéficions peuvent se dégrader très vite. On sent d'ailleurs les opérateurs de marché à l'affut. Certains notaient un décrochage du CAC juste après la présentation de la loi de finances (simple coïncidence, finalement). Pas question, dans ces conditions, de prendre le moindre risque.
C'est d'ailleurs le paradoxe ultime de cette affaire, parce que Jean David Chamboredon le notait devant les journalistes du "FT": “It shows that there are plenty of young people in France who want to be entrepreneurs. That’s good!”
Ca n'a visiblement pas fait sourire Pierre Mosco V-C
Le 29/09/2012 13:11, SOUMIER Stéphane a écrit :
> L'idée: itw courte, 5', reprenant le calcul de votre pt de vue
> tribune, pourquoi est-ce léthal? Est-ce que ce ne sont pas simplement des riches qui défendent leurs acquis? 7h, audience max, je sais il faut se lever tôt, mais ça vaut le coup Faut être vers 6.50 à bfm, 12 rue d'oradour sur glane paris 15.
et rendez vous était donc pris pour le lundi matin à l'antenne. Voilà. Rien d'autre. Aucun intermédiaire d'aucune sorte entre nous. Un mot encore pour comprendre mon intérêt: BFMbusiness est un media de niche, je tenais là un sujet "identitaire" et qui sans doute portait bien au-delà que la simple question des plus values de cession
Politique spectacle
Mais notre métier porte en lui une dose de spectacle, c'est en tout cas comme ça que je le conçois. Mon petit tour sur Twitter m'a permis de réaliser que le sujet était déjà très présent. J'ai franchement du mal à imaginer que qui que ce soit ait organisé cette présence. Les messages partaient dans tous les sens. Aucun ne faisait référence aux "pigeons", deux textes revenaient régulièrement, la tribune précédement citée et ce texte (ici), formidable de vérité, qui donne au sujet toute sa dimension, où l'on aura du mal à trouver la main de l'UMP.Je sais aussi que les media généralistes ne vont pas tout de suite en comprendre l'impact, le sujet est complexe et si les spé éco des grandes rédactions le font, ça ne passera pas la barre de la rédaction en chef un dimanche soir (qui n'a jamais vu l'oeil fatigué d'un red chef le dimanche soir ne sais pas vraiment ce qu'est la détresse) J'ai donc une chance d'être seul, autant vous dire qu'on adore ça, et quitte à être seul autant l'être massivement pour marquer une vraie différence.
Dans ce cas là, on cherche à s'assurer de la "reprise" (le fait, pour un petit media, d'être repris par un plus gros), c'est une logique commerciale classique.
Cette reprise ne peut être assurée que par un "nom", et celui de Marc Simoncini s'impose naturellement, parce qu'il est entrepreneur du net et investisseur, parce qu'il parle régulièrement de fiscalité et parce qu'il attire la lumière avec une facilité déconcertante (c'en est même rageant à quel point ce type à tout bon! )
Là encore un contact des plus simples grace à Twitter, en "messages privés", je vous les soumets en dessous, vous voyez que la star essaie de gratter une demie-heure de sommeil, et qu'on n'est pas en train de préparer le débarquement de Normandie. Là encore, aucun intermédiaire d'aucune sorte entre nous deux. Les interventions sur BFMbusiness participeront à l'allumage de la mèche (nous sommes écoutés par les spécialistes écos des grands media) et je ne vois pas l'ombre d'un début de complot dans la façon dont nous avons travaillé. J'ai lu avec intérêt les enquêtes de mes confrères (ici) , mais vous réalisez aussi, combien ce métier est d'abord, un métier d'artisan. Franchement, les complots, les campagnes, sont souvent essentiellement dans les têtes de ceux qui les subissent (le saint des saints reste Le Parisien, cette affaire n'a jamais approché la une, pas plus qu'elle n'a fait l'ouverture du 20H, disons le, si complot il y a eu, on est resté loin du 18 Brumaire)
Dictature des marchés
J'ai surtout la conviction (conviction, aucun fait précis pour l'appuyer) que la réaction du gouvernement a été provoquée par bien autre chose, cet élément s'appelle le Financial Times.Quand je dis "aucun fait précis", j'exagère. L'un des participants de la grande rencontre avec les ministres jeudi dernier raconte qu'il a eu droit à un cours de morale de Pierre Moscovici sur le thème: vous avez dégradé l'image de la france à L'étranger. On peut penser que c'est bien le tout premier article du Financial Times (ici) qui a tout fait basculer. Ne prendre aucun risque avec "l'image de la France"
Avouez que c'est troublant. le FT écrit le 3 au matin, et tout bascule soudain dans le sens des Pigeons, alors que médiatiquement tout était mûr pour la contre-attaque: les provocations de certains pigeons commençaient à nous exaspérer, des entrepreneurs de gauche se proposaient de jouer la 5ème colonne et le sujet n'occupait tout de même qu'une place très relative dans les débats des grands media. Le drame d'Echirolles et le scandale du hand tendaient même mécaniquement à l'amener doucement au stade de la "brève". Drôle d'ambiance pour une reculade politique majeure
Mais notre gouvernement est parfaitement conscient de l'état d'apesanteur dans lequel flotte aujourd'hui la dette française. Les taux d'intérêts dont nous bénéficions peuvent se dégrader très vite. On sent d'ailleurs les opérateurs de marché à l'affut. Certains notaient un décrochage du CAC juste après la présentation de la loi de finances (simple coïncidence, finalement). Pas question, dans ces conditions, de prendre le moindre risque.
C'est d'ailleurs le paradoxe ultime de cette affaire, parce que Jean David Chamboredon le notait devant les journalistes du "FT": “It shows that there are plenty of young people in France who want to be entrepreneurs. That’s good!”
Ca n'a visiblement pas fait sourire Pierre Mosco V-C