Sortir du pigeonnier
Le mouvement d'alerte lancé par les entrepreneurs sur le projet de budget 2013 part dans tous les sens. Normal. Necessité de quelques mises au point
Nécessité d’avancer dans l’explication sur plusieurs points
-d’abord un mouvement de manifestation est quand même le truc le plus ringard que l’on puisse imaginer. Les amis, elle a eu lieu la manifestation, moderne, sur les réseaux sociaux. Tout le reste appartient à la politique et tout le reste ne va faire qu’abimer le mouvement.
-Le gouvernement ne peut pas répondre en disant qu’il maintient les dispositifs Jeune Entreprise Innovante, ISF-PME ou Crédit d’Impôt Recherche. J’ose une image : il nous préserve de très jolies fontaines, mais il a coupé l’eau. L’eau qui doit couler dans ces tuyaux s’appelle le capital. Ce capital, comme l’eau justement, suit la pente la plus favorable, sans réfléchir, c’est physique. Avec une moyenne de fiscalité à 30% en Europe sur les plus-values de cession, jamais il ne suivra la pente à 60%. Ce n’est pas de la politique, je vous dis, c’est de la physique
-N'oublions pas l'origine du mouvement: un choc, à la lecture du budget 2013, parce que tout le monde (j'ai fait le tour d'un certain nombre de négociateurs) pensait que le capital directement productif serait préservé. Taxation égale capital/travail, why not? La colère vient de ce que l'on traite exactement de la même façon la rente et l'investissement, dès que l'on sort des entreprises naissantes
Small not so beautiful
-On a tort de se focaliser sur les start-up, ce n’est pas l’essentiel. Je comprends parfaitement le propos publicitaire, une start up est sympathique, une start up ne licencie pas, une start up se balade en t-shirt, mais une start up surfe sur la vague, elle ne l’impulse pas
-L'auto entrepreneur n'a rien à faire dans cette histoire. Désolé les amis, mais le statut est préservé. Mélanger les genres ne sert qu'à brouiller le message
-C’est bien la PME, et même l’entreprise de taille intermédiaire (ETI) qui construit l’avenir par les moyens qu’elle peut allouer à la recherche-développement, par les marchés internationaux qu’elle peut viser, par la capacité de résistance qu’elle peut opposer aux cycles économiques.
-Or une entreprise de taille intermédiaire ça se construit, et ça se construit par ce que l’on appelle la « croissance externe », le mariage, l’absorption de partenaires/concurrents (même Facebook l’a fait). En figeant pendant de longues années les mouvements de capitaux, je vais même dire, en y instillant, forcément, une forme d’insécurité fiscale, le projet de budget freine considérablement ce mouvement pourtant vital.
Not so long is the road
-12 ans !(12 ans c'est la durée de détention à partir de laquelle les plus-values de cessions sont exonérées, mais en fait l'ensemble des délais sont allongés) 12 ans c'est une éternité économique. Facebook a 8 ans, Google 14 ans, vous réalisez ? 14 ans
-Beaucoup moins de capitaux, mouvements de fusions-acquisitions compliqués, banques tanquées dans des normes qu’elles ne maitrisent pas encore complètement, croissance quasi-nulle, comment voulez-vous faire croitre les entreprises?
-un mot de la part du rêve. Parce que c’est le plus dingue de la part d’un gouvernement qui veut la justice. Pour celui qui n’a ni héritage, ni réseau, l’entreprise reste le plus formidable des ascenseurs. Le rentier lui, n’a besoin de rien et continuera à moisir. C’est en fait le point qui m’échappe totalement : comment la jeune majorité socialiste ne voit-elle pas cela ? Qu’il ne leur laisse que le loto.