« L’affaire » Autolib… vive les barbouzes
… où l’on réalise que c’est l’intelligence, pas le produit, qui fait la valeur
Bien sûr que l’on va rester prudent. Des histoires d’espionnage dans l’automobile française, on en a vu d’autres, n’est-ce pas ?
D’ailleurs je ne vais pas entrer dans les détails d’une version trop rocambolesque à ce stade pour être réellement crédible (les détails sont là. J’avoue, j’ai un peu de mal avec l’idée du mec qui cavale en criant « je travaille pour BMW », mais bon…)
Ce qui m’intéresse, c’est le sens qu’il faut donner à cette histoire. Ce qui est avéré, c’est qu’une voiture a bien été désossée. Pas pour regarder son moteur. Tout le monde s’en fout. Mais bien, si l’on en croit la plainte en justice « le système automatisé de données ».
Et ça c'est intéressant. Parce que l'affaire nous dit que ce qui fait désormais la valeur d’une automobile c’est de moins en moins son moteur, sa carrosserie, son design, mais bien l’intelligence embarquée. Et donc ce qui fait la valeur d’Autolib, ce n’est pas la tôle ou le design de Pininfarina, mais l’ensemble du système numérique qui permet l’auto partage. Et la nouvelle course de vitesse des constructeurs vers « la voiture autonome » va renforcer cette tendance
Bon. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que c’est un message qu’il faudrait diffuser dans les sphères les plus hautes de l’Etat. Vers ceux qui rêvent encore devant les usines qui fument.
Elles ne fument plus. Et vouloir les faire fumer à nouveau c’est « regarder l’avenir dans le rétroviseur » (Augustin Landier et David Thesmar, remarquez que ce n'est pas un lien Amazon!)
Le siècle fait exploser les secteurs. Autolib, c’est de l’industrie ou du service ? Vous le rangez où vous ? Et les systèmes mis au point pour que ça marche ? Innovation de rupture ? Anecdote ?
Ce matin, c’est un entrepreneur d’exception qui est venu nous voir. Frédéric Mazzella, fondateur de Blablacar. Regardez le parcours : physicien. Ecole Normale Supérieure. Part à Stanford, travaille pour la NASA. Classique, ça nos responsables comprennent. Soudain virage à 180° pour monter une plate-forme de co-voiturage. Enfin, pas une plateforme, LA plateforme, « celle qui marche » comme il le dit dans un sourire (aujourd’hui 600.000 utilisateurs chaque mois). Qu’on le veuille ou non ce sont des maths, des codes, peut-être de la physique, j’en sais rien, ce que je sais, c’est que cette innovation-là, nos élites ont beaucoup de mal à l’avaler. Elle crée pourtant beaucoup plus de valeur que les satellites.
Voilà, c’est bien autour de Blablacar, et des systèmes informatiques de la Blue Car que l’on trouvera des espions dans les années qui viennent : « 60% des emplois en recherche développement relèvent du secteur des services » (Landier/Thesmar). Face à ce chiffre, l’obsession pour la « fabrique » « n’est pas juste un élément de notre folklore politique, elle a de véritables impacts négatifs dans une économie de plus en plus dominée par l’immatériel » (Landier/Thesmar)
Comprendre cette rupture c’est fabriquer notre avenir. Si deux-trois barbouzes peuvent nous y aider, vive les barbouzes !