Ecotaxe, l'impot qui bride l'innovation
L'ensemble de l'éco système du transport réalise des progrès foudroyants pour limiter son impact environnemental. L'écotaxe, paradoxalement, en réduirait le rythme. Reflexions industrielles, avec Eric Méjean, le patron de Lamberet
L'écotaxe est un mauvais procès fait au monde du transport, souvent vertueux en matière d'environnement. Car la réalité, c'est que les transporteurs investissent massivement dans le renouvellement de leur matériels: un ensemble camion+semi-remorque consommait en 1975 60 litres aux 100km en moyenne, encore 40 l/100 en 2000, contre 30 litres/100 km en 2013 : une consommation divisée par deux en 40 ans.
Les normes euro6 en vigueur aujourd'hui constituent une réduction massives des émissions de polluants. Un camion il y a 30 ans émettait autant de particules que 100 camions d'aujourd'hui! (voir graphique)
Les transporteurs investissent et développent des programmes d'écoconduites à destination de leurs chauffeurs. Ces programmes se font dans la durée, et comprennent même l'analyse de données embarquées. Les constructeurs intègrent des systèmes améliorant encore l'efficacité de l'action des conducteurs: un nouveau Volvo FH intègre les données receuillies lors du transport, les données GPS, pour anticiper les passages de vitesse de la boite automatique et optimiser la plage d'utilisation du moteur! Des systèmes télématiques en temps réel leur permettent d'optimiser les tournées et minimiser le nombre de kilomètres à parcourir.
Le paradoxe, c'est que l'écotaxe renchérit le transport pour le industriels et impacte donc leur compétitivité et leur capacité d'investissement. C'est moins d'innovation, donc des matériels écologiques mis sur le marché plus lentement
Par exemple Lamberet, une boite littéralement sortie de l'enfer il y a quelques années, à coups d'innovations, justement, lance une semi-remorque frigorifique qui agit sur tous les leviers disponibles: Aérodynamique "active", avec une face avant éliminant les remous d'air entre le tracteur et la remorque, un carénage breveté utilisant le flux d'air pour générer une poussée comme une aile d'avion, une face arrière lisse éliminant les turbulences à l'arrière, une aéraulique interne brevetée optimisant l'efficacité du groupe frigorifique donc sa conommation de carburant, un poids réduit (une tonne de moins que la moyenne des semi-remorques les plus vendues sur le marché Français), une isolation superieure de 16% grace aux panneaux composites.
Ceci est le fruit d'investissement massifs en R&D qui nécessitent de dégager des marges importantes pour les transporteurs qui ne bénéficient pas du crédit Impôt recherche.
On ne voit pas comment une taxe de plus leur permettrait d'aller plus vite