De nouveaux explorateurs

Notre planète a dévoilé déjà beaucoup de trésors, il en reste peut-être certains bien enfouis. Mais le nouveau défi c'est d'agir autrement pour ne pas perdre ce joyau. C'est pour cela que j'admire Roland Jourdain. Le navigateur lance officiellement ce soir son fonds de soutien, baptisé Explore.

Roland Jourdain était venu en parler il y a quelques semaines dans Green Business. L'idée est simple: aider certains porteurs de projets alternatifs à "creuser leur sillon". 4 projets sont financés à l'heure actuelle. Under the Pole au Groenland permet ainsi de savoir un peu mieux ce qui s'y passe en matière de biodiversité. Des travaux sur les biomatériaux, comme les fibres de jute ou encore les fibres de lin sont aussi soutenus. Une dotation totale de 900 000 euros. Celui qui a franchi 3 fois le Cap Horn réfléchit désormais à faire évoluer le monde de la course au large. En cinq ans, il a bien avancé. Surtout en allant chercher des savoirs-faire: les tisseurs de lin, les producteurs de chanvre et des hommes passionnés par la nature et ce qu'ils vont laisser leurs petits-enfants. Roland Jourdain a d'abord débuté l'aventure de l'éco-conception par des surfs. Des tests sur le vieillissement, des tests aussi avec les surfeurs. Jusqu'au Brow Sugar, ce 1er stand-up paddle éco-conçu (pour les non-initiés, mi-kayak, mi-surf, le paddle se pratique debout sur une planche propulsée à la rame.)

 

Rupture technologique

Aujourd’hui, 90 % des paddles sont fabriquées en Malaisie et en Chine à partir de dérivés du pétrole, avec Brown Sugar, rien de commun: du lin, de la cellulose, de la résine bio-sourcée à 55 %. "Il ne faut pas se faire d'illusion, des bateaux de course éco-conçus ce n'est pas encore pour demain" explique Roland Jourdain. "On s'approche de la fibre de verre pas encore de celle de carbone". Avec cette conviction, le trimaran Gwalaz a vu le jour. Une vraie rupture technologique. Les premiers tests sont effectués autour de la Bretagne. "L'idée est d'essayer de nouveaux matériaux dans le domaine maritime, qui est très contraignant en termes d'humidité, de soleil, de choc, et d'en faire un vrai banc d'essai pour des applications à terre". En prime, Roland Jourdain mise sur le production locale et le développement d'une économie territoriale. C'est cela aussi la clé du développement durable. Il s'appuie sur écurie de course au large, Kaïros, doté d'un laboratoire et teste ainsi les alternatives au pétrole. L'homme est convaincu que les siens ne manquent pas de ressources. Et de dire : "les "grands explorateurs ne sont plus ceux qui traversent le globe mais ceux qui vont nous permettre d'alléger notre empreinte écologique". "Bilou" comme on le surnomme m'a déjà convaincue.