Orange, la semaine où l'Etat a perdu le pouvoir
Même si François Hollande l'avait voulu, il n'aurait pas pu démettre Stéphane Richard. Ce nouveau rapport de force est sans précédent
Trop tôt pour dire s’il s’agit d’une rupture importante dans la gouvernance de l’entreprise. Surtout, tout cela reste soumis aux évolutions de l’enquête et à un éventuel contrôle judiciaire qui pèserait sur Stéphane Richard et l’empêcherait de sortir de France. Mais en l’état actuel des choses : l’Etat n’a plus le pouvoir.
Dès vendredi, les jeux étaient faits. Les administrateurs indépendants avaient clairement fait savoir qu’ils ne voteraient pas contre le patron, les représentants des salariés avaient fait de même (même si, là aussi, les syndicats majoritaires CGT et SUD sont restés très mesurés dans leur soutien, en cela, le rendu médiatique d’une « entreprise soudée derrière son patron » est un demi-mensonge) , et l’Etat se retrouvait désarmé.
Pas totalement bien sûr. Mais on se retrouvait dans un cadre militaire de dissuasion du faible au fort. L’état garde le pouvoir de faire partir Stéphane Richard, mais au prix d’une telle bataille, que les gains de la victoire seraient très inférieurs aux pertes.
D’ailleurs, le silence d’Arnaud Montebourg est une autre démonstration de ce nouveau rapport de force.
Force du management d’Orange, ou faiblesse du pouvoir ? C’est l’autre question. De même qu'il serait très aventureux de faire parler de cours de bourse. Il pourrait néanmoins prendre acte de cette nouvelle force indépendante, paradoxalement d'ailleurs l'Etat en serait le premier bénéficiaire.
Mais dans un pays où la puissance de l'état dans les entreprises va toujours bien au-delà de la part de capital détenu, ce qui s’est passé cette semaine est un élément rare dans le capitalisme made in France