Pas de pétrole mais des idées
La demande de pétrole brut va augmenter de 14 % d'ici 2035 selon le dernier rapport de l'AIE (Agence internationale de l'énergie) Les Etats-Unis, d’ici-là, devraient être devenus le premier producteur mondial. Pour les Européens, prendre le virage de l'après-pétrole devient donc une nécessité. En France, une start-up Global Bionergies met au point une méthode qui permet de faire du plastique à base de végétaux.
C'est un pari fou qu'ont relevé un jour Marc Delcourt et Philippe Marlière: s'attaquer à la chasse gardée de l'industrie pétrolière. Le défi est lancé en 2008. Les deux hommes décident d'explorer des terres vierges: produire des gaz sans une goutte d'hydrocarbures mais grâce à des végétaux. Comment ça marche ? Il suffit d'utiliser du sucre (mélasses de betterave ou de canne, amidons de maïs ou de blé) et de le faire digérer par des bactéries Escherichia Coli génétiquement modifiées. Et comme rien ne se perd, rien ne se crée... tout se transforme. Le résultat: l'isobutène et bientôt le propylène et le butadiène, des gaz aux noms savants qui sont la source d'un nombre impressionnant des produits du quotidien: des carburants évidemment, des caouctchoucs synthétiques et bon nombre de plastiques.
Le potentiel est énorme: le marché mondial de l'isobutène dépasse les 20 milliards d'euros, celui du propylène les 70 milliards d'euros.Marc Delcourt a donc réalisé l'impossible. Et c'est un petit miracle tous les jours dans son laboratoire. Au Génopole d'Evry dans l'Essonne, son équipe travaille à améliorer le rendement de son processus.
Il ne s'agit pas pour autant de faire le mal en voulant faire le bien. Pour éviter d'empiéter sur les terres agricoles, Global Bionenergies estime que la mélasse non comestible de la canne à sucre brésilienne est bien meilleure que le maïs américain. Et pourquoi ne pas se servir de déchets ou encore du bois.
Un petit démonstrateur de production fonctionne déjà. Mais il faut aller plus loin. Global Bioenergies a donc besoin d'argent. La start-up a déjà levé près de 15 millions d'euros depuis sa création. Elle a fait le grand plongeon de l'entrée en bourse. Mais il lui faut encore une dizaine de millions.
Global Bionenergies séduit les grands groupes. Elle a déjà obtenu une option de licence avec "un grand industriel américain". Il travaille avec le leader du caouchouc synthétique le polonais Synthos.
A l'heure où beaucoup se lamentent sur la compétitivité de la France il faut souligner que Global Bioenergies a obtenu le prix EuropaBio de « la PME européenne de biotechnologie la plus innovante » Quand on vous dit que la France a des idées...
Global Bioenergies à découvrir ce jeudi 22 novembre dans le 12-30 de BFM Business