Petite leçon d'économie d'un entrepreneur aux taxis
Où l'on apprend qu'en augmentant l'offre vous créez de la valeur, vous incitez à la consommation
Vous imaginez la leçon d’économie en 3’ 30 ? 3’25 même très exactement. Implacable, limpide, évidente. Celle qu’est venu administrer la semaine dernière le vainqueur de la BFM académie. Il s’appelle Yann Hascouet, patron de chauffeur privé.com. Il développe une activité que l’on appelle « Véhicule de Tourisme avec Chauffeur », VTC. Elle est en train de démarrer dans les grandes villes de France. Ce ne sont pas des taxis, ils n’ont pas de plaque et n’ont pas le droit de prendre les clients au vol (on dit « en maraude ») , pas le droit non plus, par exemple, de les attendre à l’aéroport, par exemple. Le client doit avoir expressément commandé la voiture.
Les smart phones ont radicalement changé la donne pour cette activité. Avec une application, vous pouvez maintenant voir où sont les voitures, évaluer leur temps de trajet et les commander d’un simple clic (l’autre élément très intéressant, c’est que la transaction monétaire disparaît, tout passe par la plateforme). Les chauffeurs sont indépendants. Les entreprises qui gèrent ces plateformes sont essentiellement des infrastructures techniques.
C’est contre le développement des VTC que les taxis font grève aujourd’hui. Et c’est là que la leçon commence
Yann Hascoet :« il faut regarder ce qui se passe autour de nous, à Londres et à New-York par exemple, vous avez respectivement 15.000 et 22.000 taxis, pour 50.000 et 60.000 VTC. A Paris : 17.000 taxis, pour 2.000 VTC, pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il y a un vrai manque sur ce segment-là » (j’ajoute que ce chiffre, personne n’en parle jamais. On dénonce à longueur de temps la pénurie de taxis à Paris, alors que les chiffres sont comparables à ceux des grandes capitales développées, personne ne dit que ce sont les VTC qui permettent largement de réconcilier l’offre et la demande)
Mais le plus fort reste à venir. Yann Hascouet : « on ne mange le pain de personne, on ne se bat pas sur la même part de gâteau. Dans les villes où le VTC est développé, le client moyen fait 18 trajets par an. Sans VTC, il se contente de 6 trajets par an ».
Vous vous rendez compte? Non? alors écoutez la suite, parce qu’en bon prof, Yann Hascouet enfonce le clou :« en augmentant l’offre vous créez de la valeur, vous incitez à la consommation, vous proposez des services pour les consommateurs qui vont stimuler l’économie, et puis vous créez des emplois de chauffeurs, c’est un peu la beauté du modèle » (entre 2'35 et 6' )
Voilà. Quel symbole ! Est-ce qu’on pourrait le graver dans le marbre ? L’offre n’est pas un gateau que le grignote, mais bien une mayonnaise qui monte quand on l’agite, plus on est de fous, plus on a de riz (pour paraphraser Coluche), notre pays dans son immense majorité est persuadé du contraire. Reste à prier pour que la gueule d’ange de notre jeune patron passe à 20h, pour évangéliser.