PSG, Trocadéro, il suffisait de lire Twitter
Ce que le préfet de police n'avait pas vu, les analystes du "bruit numérique" pouvaient le voir. Bluffant
La démonstration de force est impressionnante et c’est justement ce que cherchait l’équipe d’APICUBE. Montrer finalement que l’on pouvait prévoir l’avenir, grâce à l’analyse du « bruit numérique » émis autour d’un évènement
« nos technologies nous permettent de suivre 1 ou 2 milliards de conversations numériques, toutes publiques évidemment, sur Twitter, Facebook, les blogs, l’ensemble des réseaux » explique Joel Robino, le patron d’Apicube sur BFMbusiness, « il faut savoir qu’aujourd’hui moins de 1% des données numériques créées sur la planète sont utilisées à des fins d’analyse, les outils les plus modernes permettent d’augmenter considérablement ces capacités »
En l’occurrence, en se mettant à l’écoute 24heures avant la cérémonie du Trocadéro, on pouvait absolument tout prévoir. En résumant, l’idée c’est de repérer quelques mots clés, et de les suivre.
L’expérience a été menée sur le réseau social Twitter. Dès le 12 mai, 24 heures avant les affrontements, on constate très clairement, un lien entre le mot PSG et le mot « Zbeul », « mot d’argot arabe signifiant bordel » explique Apicube. En affinant la recherche, Apicube écrit « les supporters qui prévoient leur déplacement au Trocadéro ne répondent pas à une logique de groupe. Il n’apparaît pas de leader. Il n’y a pas de conscience de groupe dans les twitts (…) l’amalgame entre fête et « bordel » donne des indications très claires d’éventuels débordements ». On va encore plus loin dans l’analyse « certains supporters pressentent des débordements au matin de l’évènement et le disent très clairement, d’autres commencent déjà à se mettre en scène en vue d’affrontements inévitables, avec Flash Ball, bombes lacrymogènes ». Apicube est évidemment en mesure de mesurer la fréquence des twitts, la montée en puissance et même l’ambiance générale qui se dégage. En l’occurrence il se dégage que le « zbeul » sera intense et massif. Bref, tout était écrit, il suffisait de le lireEn termes de business, la démonstration de la puissance du Big data avait déjà été faite de manière spectaculaire par une autre boite française Climpact-Metnext, qui analyse avec une précision invraisemblable l’impact de la météo sur notre consommation. Il ne s’agit pas de dire que l’on mange plus de glace quand il fait chaud, on va beaucoup plus loin, on peut prévoir, au degré près, la quantité de chips que vous allez manger, le parfum de ces chips et même le conditionnement. Tout cela en fonction de la météo. Même chose pour l’eau en bouteille, toutes les eaux et tous les conditionnements ne se vendent pas de la même façon en fonction du climat. Avec un outil de prévision qui vous donne ça sur une semaine d’avance, vous imaginez l’enjeu logistique considérable pour la grande distribution.
Le Big data n’est plus un mythe. Il entre dans nos vies quotidiennes et va forcément nous faire réfléchir. Climpact Metnext se base sur l’analyse très fine des données météo et des tickets de caisse et reste dans un environnement totalement anonyme et privé. Avec la démonstration d’Apicube, l’enjeu devient public et national. On change radicalement de dimension. La question même va se poser de savoir si le maintien de l’ordre par le Big data est légal. IBM travaille directement avec plusieurs grandes villes américaines sur des bases de données considérables pour « prévoir les crimes », en tout cas essayer d’en étudier la fréquence, la répétition, l’intensité.
Et nous, nous allons vivre différemment notre vie numérique. Les patrons d’Apicube sont sidérés de ce qu’ils ont pu lire sur Twitter, la façon dont des centaines de gamins écrivent en toutes lettres « je finis le boulot et je vais au troca casser du CRS » sans même se cacher derrière un pseudo. Nous allons tous vite comprendre que cette fois-ci, pour de bon, Big Brother is watching us. Pour le meilleur. Et pour le pîre ?