Vraiment envie de transiter ?
Le débat sur la transition écologique est entamé en France. Un séminaire gouvernemental se tenait ce matin. Jean-Marc Ayrault a fixé une feuille de route à chacune. Plus question de passer à cote des perspectives environnementales. Mais les choix sont-ils si faciles ? Plus qu'écologique, la question est avant tout énergétique. En la matière, le gouvernement est visiblement rattrapé par la réalité économique.
Quand on parle énergie, l'équation est simple: la demande ne va cesser de croitre et les Etats-Unis deviendront les premiers producteurs de pétrole dans les quinze prochaines années. Prise entre deux feux, l'Europe n'a pas beaucoup de moyens de s'en sortir. L'an dernier la facture des importations de gaz et de pétrole a atteint un record en France: plus de 61 milliards d'euros.
Les énergies renouvelables ne sont pas, on le sait, la seule et unique solution. Elles coutent cher encore. Nos économies n'ont pas le temps d'attendre. L'Etat non plus. Les signaux peu encourageants se multiplient: une nouvelle baisse des tarifs de rachat dans le solaire sans consultation et des mesures d'assouplissement pour l'éolien qui se font attendre.
Pas étonnant dans ce contexte que le gouvernement n'arrive pas à faire la porte totalement au gaz de schiste. Arnaud Montebourg a redonné espoir il y a quelques jours aux partisans d'une exploitation en France. En refusant la fracturation hydraulique et en évoquant des technologies propres. N'oublions pas que François Hollande s'engage à réduire la part du nucléaire pour en conserver tout de même 50 % en 2025. Dans les six sages du comité de pilotage, on compte l'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon. Pendant ce temps-là, le principal syndicat des énergies renouvelables, le SER regrette ouvertement de ne pas être invité à la table des discussions. La facture alourdie de l’EPR pourrait changer la donne. Ça commence à peser : 2 milliards d’euros supplémentaires. Si on prend en compte le cout du démantèlement et la gestion des déchets radioactifs, difficile de dire que l’électricité issue du nucléaire est compétitive. C’est une autre réalité économique qui risque de nous rattraper.