« L’open innovation permet de repousser nos limites »
Marie Guillemot (Associée KPMG, Télécoms, Médias & Technologies), avec Laurent Deleville (Directeur Open innovation, Safran), Cédric Curtil, (Directeur de l’innovation, Société Générale) et Damien Marc (Président de JPB Système).
Oubliez hier ! La croissance est aujourd’hui une affaire qui se partage, où les concurrents collaborent, où les petits soutiennent les grands et où la rupture… rapproche. Avec l’open innovation, nos modèles économiques se réinventent et son efficacité sera redoutablement bénéfique.
Une définition s’impose. "L’open innovation est une démarche entrepreneuriale collaborative, par laquelle les entreprises vont s’ouvrir à d’autres acteurs, d’autres ressources, d’autres talents, explique Marie Guillemot (KPMG). Elles vont co-développer des solutions plus innovantes, tracer des voies alternatives." Tous les champs sont possibles pour modifier la chaine de valeur vers de nouveaux business models. "L’open innovation est l’étincelle qui permet de repousser nos limites pour accélérer la croissance."
Ouvrir les frontières
Laurent Deleville (Safran) ajoute : "L’open innovation, c’est se dire qu’il existe peut-être des solutions ailleurs. C’est le contraire de l’obstination à vouloir tout faire en interne." Pour Cédric Curtil (Société Générale), "l’open innovation, c’est trouver les personnes pour former la meilleure équipe." Les frontières de l’entreprise s’ouvrent, PME et ETI sont les premières à en profiter quand elles n’ont ni les ressources, ni les usages, ni les technologies pour se réinventer aussi vite que les écosystèmes.
Sortir des schémas traditionnels
L’open innovation doit d’abord être soutenue par une conviction forte des dirigeants. En créant une relation pour déployer les nouveaux usages - au lieu de se contenter de se fournir ailleurs -, l’open innovation sert l’efficacité de l’expérience client et l’efficacité opérationnelle. Toutes les fonctions de l’entreprise bénéficieront des innovations apportées par des start-up ou des scale-up. "Les grands groupes apprendront de cette agilité et la démarche est audacieuse car elle repousse les tracés de leurs schémas", insiste Marie Guillemot (KPMG).
Sortir de l’isolement
"Dans un écosystème riche d’un ensemble d’acteurs qui doivent travailler ensemble, l’entreprise n’est plus isolée, dit Cédric Curtil (Société Générale). Nous cherchons des technologies et des services pour les intégrer dans nos propres services bancaires, mais aussi des manières de travailler plus vite pour être plus proche des clients. Sur la sécurité, nous devons capter les signaux faibles, puis observer les start-up capables de nous apporter une solution. Et si nous travaillons avec elles, notre intérêt, c’est qu’elles soient solides. Pour cela, elles doivent générer du CA : nous leur en fournissons. Et nous y investissons aussi."
Confiance et confidentialité
"Le cœur de l’open innovation c’est la relation de confiance dans l’échange entre les entreprises qui vont collaborer", dit Marie Guillemot (KPMG). Quand la start-up Actility négocie avec le géant taïwanais Foxconn, "c’est une relation de confiance, entre deux personnes, au plus haut niveau", ajoute-t-elle. Pour que cela fonctionne, les objectifs de chacun doivent être alignés. Si c’est une relation pour un simple deal commercial ou pour piller le concurrent, cela n’a pas de sens. Cédric Curtil (Société Générale) l’affirme : "Nous n’avons jamais connu de problème de confidentialité. Nous nous connaissons tous dans notre écosystème. Nos objectifs sont communs et nous devons construire des modèles dont les avantages seront partagés par tous."
Ailleurs, c’est mieux ?
Pour Damien Marc (JPB Système), l’innovation est un pilier, « ma seule obsession ! Des clients nous donnaient des idées, nous les testions, fabriquions des prototypes, déposions des brevets. » Mais l’innovation s’ouvre et la question se pose de savoir de quoi les clients auront besoin demain : "Nous avons organisé une réunion avec Safran et certains de ses clients. Une émulation s’est créée." C’est le signe du progrès. Laurent Deleville (Safran) ajoute : "Notre travail, c’est aussi de chercher ailleurs ; on appelle cela le ‘Proudly found elsewhere’."
Catalyser les rencontres
KPMG a réalisé une étude auprès de 1 300 dirigeants dans le monde : la moitié envisage l’open innovation pour servir ses ambitions stratégiques. Mais 55% sont préoccupés par le rythme effréné d’émergence des technologies. Pour les aider, KPMG se pose en catalyseur des rencontres entre tous. "Nous utilisons un maillage territorial unique et connaissons les enjeux sectoriels. L’open innovation devient alors un formidable accélérateur de croissance pour les 800 entreprises avec lesquelles nous travaillons."
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