Nicolas Beaudouin (Associé KPMG) « L’économie de demain a besoin des femmes »
Depuis quatre ans, l’association StartHer publie un baromètre de l’entrepreneuriat au féminin dans les start-up Tech, une démarche à laquelle KPMG s’est associé en 2017. Il en ressort que les femmes font mieux entendre leur voix et valoir leurs projets, une valorisation sur laquelle les investisseurs s’engagent durablement.
Deux études réalisées sur les femmes dirigeantes (2015) et les femmes business angels (2017), et un travail mené avec Women Equity marquent l’intérêt soutenu de KPMG pour l’évolution du rôle des femmes dans l’entrepreneuriat et dans les mandats sociaux. « L’association StartHer nous a contacté parce qu’elle se reconnaissait dans nos convictions ; nous sommes ainsi devenus coproducteurs de leur étude », raconte Nicolas Beaudouin, Associé KPMG.
Des histoires qui séduisent
Au regard de la faible proportion de femmes entrepreneures en France, bien des limites se posent encore. « On commence trop tard à encourager les jeunes femmes à entreprendre, commente Nicolas Beaudouin. L’entrepreneuriat n’est pas une question de genre. Et les modèles féminins à succès doivent être davantage diffusés. » Un travail efficace est déjà mené à travers des pépinières qui décrochent des financements particuliers. L’éducation des investisseurs se fait aussi à travers des initiatives et des études montrant que les femmes écrivent de belles histoires, durables. « Cela fait évoluer le regard et progresser le financement des projets féminins par des structures qui ne s’y engageaient pas naturellement. » En témoigne la place des Corporate dans les levées de fonds.
Projets et investisseurs en augmentation
Signe rassurant, ajoute Nicolas Beaudouin, « les nouveaux entrants dans le financement s’intéressent aux start-up des femmes, comme s’ils ne faisaient plus de différence avec les hommes. » L’an passé, le réseau des Femmes Business Angels, qui est pourtant loin de ne primer que leurs pairs, était en tête des financements de projets féminins. Autre signe positif, chaque projet attire non plus un, mais plusieurs investisseurs. « On est certes loin du 50/50 hommes/femmes, mais on sait que les femmes apportent beaucoup à l’économie française. L’économie de demain a besoin d’elles et un faisceau d’éléments annonce une croissance forte dans les deux à trois ans », assure Nicolas Beaudouin.
Un ticket en fonction des besoins réels
Si l’augmentation du nombre de start-up Tech et des levées de fonds est réelle, le ticket moyen est, lui, en baisse à 1,5 M€, contre 3,2 M€ pour les start-up dirigées par des hommes. L’écart est visible en amorçage (641 K€/981 K€) et en premier tour de table (3,5 M€/6,9 M€). Il se comble en deuxième tour (12,6 M€/13,1 M€)… mais les start-up féminines n’y représentent plus que 3% des levées. « Il faut relativiser ce ticket moyen. Nous avons eu beaucoup de nouveaux projets qui font baisser cette moyenne, mais sont une bonne nouvuelle. Les femmes lèvent moins de fonds que les hommes, mais en 2017, le nombre de leurs projets en amorçage a explosé. Enfin, les femmes sont plus raisonnables et calculent leurs besoins réels, comme le relèvent diverses études, américaines notamment. »
La fin des chasses gardées ?
S’agissant de l’analyse sectorielle, l’étude StartHer-KPMG relève une progression remarquable dans le Logiciel, pourtant chasse gardée des hommes. « Trop peu de jeunes sont formées dans les écoles comme développeur informatique, alors que des projets originaux ont été créés par des femmes, commente Nicolas Beaudouin. Quelle honte y aurait-il pour une femme à aimer coder ? Cela doit bouger, les écoles doivent en prendre conscience et nous devons remonter la chaine de l’éducation. »