Tribune de Frédéric Walther et Alexandre Wauquiez
Avec 20 ouvertures par an, les résidences pour séniors Domitys connaissent une forte croissance. L'entreprise prévoit 400 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018. Pour faciliter la vie de ses résidents, elle a parié sur le digital. SFR Business l'accompagne dans cette évolution permanente.
Grâce à l'exemple de Domitys qui connaît une formidable croissance, on comprend que l'avenir des séniors ne se limite pas aux EPHAD.
Il existe donc bien d'autres options de logements pour les séniors ?
Frédéric Walther : "La majorité des personnes âgées ne sera jamais dépendante. Chez Domitys, nous proposons des logements où les gens peuvent vieillir tout en profitant de la vie. Nous les déchargeons de soucis liés à leur logement précédent pour leur permettre de continuer à faire beaucoup de choses, qu'ils aient 80 ou 90 ans."
Vous souhaitez donner une image proche du Club Med. Mais vous voulez surtout apporter une réponse à chaque problématique de la vie quotidienne ...
F. W. : "On facilite la vie des résidents d'une manière générale. On leur apporte la sécurité, du confort. L'assimilation avec le Club Med se situe dans notre volonté d'apporter un programme d'activités riche aux résidents. Nous nous engageons, dans chacune de nos résidences, à proposer au moins 50 activités par mois, soit quasiment deux par jour."
Par ailleurs, vous dites que pour intégrer un logement Domitys, une retraite de 1300 € est suffisante ...
F. W. : "C'est la retraite moyenne des Français, qui se situe entre 1300 et 1400 €. En province, Domitys est accessible à partir de 1100 €. Cependant, dans 70 % des cas, les résidents sont ou ont été propriétaires d'un bien immobilier qu'ils peuvent valoriser ou vendre. Donc nous nous adressons plutôt à des gens qui ont de 2000 à 2400 € de revenus par mois.
Malheureusement nous ne bénéficions pas de subventions, nous ne pouvons donc pas accueillir les gens qui ont de faibles retraites."
Aujourd'hui, vous avez 2200 salariés !
F. W. : "Oui, l'année dernière nous avons créé 400 emplois nets en France."
Vous avez à l'heure actuelle 10 000 logements dans 78 résidences. Et pourtant, la demande est telle que vous avez du mal à suivre...
F. W. : "En France, nous devons parvenir à créer une vingtaine de résidences par an. Je ne parle pas de l'aspect international sur lequel nous travaillons beaucoup également.
Nous n'avons pas de mal à trouver les investisseurs, mais pour les terrains c'est différent.
Nous sommes des promoteurs avant tout ; nous construisons les résidences et nous les vendons à des investisseurs individuels, mais aussi institutionnels - ces derniers ont découvert la vitalité de ce produit il y a environ 5 ans-. Ensuite nous gérons les logements sur le long terme."
Ces séniors sont en demande d'outils technologiques. Vous leur offrez une Web TV et des cours en ligne. Vous prévoyez de la télémédecine aussi ?
F. W. : "En effet, des tests sont actuellement en cours et nous prévoyons l'installation de cabines de télémédecine dans les résidences."
Alexandre Wauquiez, parlons de la digitalisation dans ces structures. Comment travaillez-vous avec Domitys pour les développer ?
Alexandre Wauquiez : "Domitys est une entreprise qui évolue très rapidement. C'est finalement très atypique car si l'on parle beaucoup de transformation digitale, dans les faits, elle ne va pas si vite que cela. Seuls 11% des PME se sont véritablement engagées dans cette voie, soit deux fois moins que la moyenne des entreprises européennes.
La fibre, qui est le nerf de la guerre dans ce domaine, ne concerne que 7 % des entreprises. Alors que Domitys est sur le marché des séniors, elle est très en avance. C'est donc très intéressant pour SFR Business d'accompagner une entreprise avec autant de projets pour sa transformation digitale."
Les entreprises ne sont donc que 7% à être raccordées à la fibre alors que le réseau est disponible, comment est-ce possible ?
A. W. : "C'est d'autant plus étonnant que les opérateurs télécoms ont énormément investi ces dernières années et que c'est un véritable enjeu économique.
Chez SFR Business, nous pouvons raccorder en fibre 70% des entreprises en France. En 2020, ce sera 90%."
Frédéric Walther, quel regard porte un chef d'entreprise sur ce constat ?
F. W. : "Étant donné notre domaine, nous n'étions pas a priori un secteur concerné en priorité par le digital. Mais pour nous, c'est une donnée essentielle. Nous devons proposer aux résidents, dont les attentes changent rapidement, des connections à la fois performantes et évolutives."
Parce qu'un couple de 85 ans aujourd'hui veut du haut débit ?
F. W. : "Évidemment ! Et pour satisfaire cette demande, nous avons également virtualisé l'ensemble de notre téléphonie grâce à la technologie "voix sur IP" qui fait passer les communications par internet.
Dans le même ordre d'idées, nous leur offrons la possibilité d'assister à des conférences interactives. Nous avons donc besoin de performance mais aussi de sécurité."
Revenons justement à la télémédecine. Vous devez y intégrer des éléments de confidentialité, de sécurité, comme faites-vous cela ?
F. W. : "Nous sommes en discussion avec les Agences Régionales de Santé sur ce sujet. Car de telles installations doivent se faire en concertation avec les autorités. La confidentialité est bien sûr essentielle.
De la même manière, nous avons un système de sécurité qui fonctionne 24h sur 24. Nous devons être présents dans les trois minutes si nos résidents nous alertent via leur montre connectée.
Avant cela, nous avions un serveur de sécurité dans les résidences, mais cela suppose des difficultés en cas de panne. Désormais nous avons un serveur virtuel dans le cloud. Pour cela, la connexion internet doit être disponible en permanence."
On constate que la digitalisation est là et que si vous ne vous en occupez pas, votre concurrent le fera. N'est-ce pas, Alexandre Wauquiez ?
A. W. : "Dans tous les métiers, toutes les industries, les technologies bougent très très vite. Il faut donc transformer l'entreprise pour répondre aux besoins de leurs clients. Cela signifie : de la disponibilité, du très haut débit, de la cybersécurité. Il faut donc avancer rapidement dans la transformation de l'entreprise, dans son accompagnement et dans les nouvelles solutions."
Concernant la télémédecine, il s'agit de réseaux particuliers ?
A. W. : "Nous ne sommes qu'au tout début de la télémédecine. Il faut en effet des réseaux hyper-performants, donc la fibre mais aussi la 5G car la télémédecine suppose une réactivité immédiate. Les réseaux 5G arriveront dans deux à trois ans et vont révolutionner le monde du très haut débit."
Mais on va vous dire "appliquez vos propres préceptes et accélérez votre transformation vous aussi !"
A. W. : "Tout à fait ! Nous, les opérateurs, devons proposer des solutions elles-mêmes digitalisées pour accompagner nos clients entreprises."
Frédéric Walther, vous payez un sociologue depuis 4 ans pour étudier les comportements des retraités, c'est exact ?
F. W. : "Oui car leurs attentes évoluent. Nous voulons comprendre leurs besoins mais aussi leurs envies. Car, à cet âge, ils ont envie de bien vivre, de bouger.
Nous avons donc missionné un sociologue qui passe beaucoup de temps avec nos résidents et nos collaborateurs. Ainsi, nous évoluons en permanence pour que le concept colle au plus près des demandes."
Car avec chaque génération, il y a une transformation...
F. W. : "Notre prochain défi, ce sont les baby-boomers. Ce ne serons plus les mêmes besoins. Nous ne serons plus face à des gens qui ont connu l'après-guerre et l'avant-télé. C'est un vrai challenge pour nous."
A. W. : "On le voit bien avec l'exemple de Domitys et chez d'autres entreprises, il y a un besoin de temps réel, d'évolution permanente. Il leur faut donc des infrastructures solides, comprendre les besoins des clients et leur apporter des solutions simples qui se déploient rapidement."
F. W. : "Nous travaillons avec des partenaires capables de nous apporter des solutions clés en main et surtout de nous accompagner dans la durée. Pour une entreprise aussi dispersée sur le territoire que la nôtre, c'est essentiel. D'autant que, en quatre ans, nous allons quasiment doubler notre taille. Sur le plan digital, il va falloir avancer vite ..."