Tikehau en pleine croissance

En rachetant Sofidy, Tikehau capital passe la barre des 20 milliards d'euros sous gestion et confirme un rythme de croissance sans équivalent sur la place de Paris.

Tikehau capital n’a pas l’intention de ralentir. La société d’investissement a annoncé ce soir des négociations exclusives avec un acteur majeur de fonds immobiliers qui détient 4,8 milliards d’euros sous gestion. L’opération se fait en famille, Sofidy est en effet dirigé par Christian Flamarion, le père d’Antoine Flamarion, co-fondateur de Tikehau. A 70 ans, Christian Flamarion décide de transmettre son aventure entrepreneuriale à son fils et assure une forme de continuité pour ses 160 salariés.

Pour Tikehau, c’est une croissance soudaine de 30% de ses actifs sous gestion, ils atteignent maintenant les 20 milliards d'euros, mais surtout, dit un communiqué, « une diversification solide dans la gestion d’actifs immobiliers, ce qui (lui) permet d’améliorer la palette de produits à la disposition de ses clients (...) Cette acquisition va permettre au groupe de s’ouvrir à de nouvelles catégories d’investisseurs et d’étendre son savoir dans le domaine des solutions d’investissement immobilier ». Sofidy est principalement orienté vers l’immobilier de commerces et de bureaux et gère pour le compte de 45 000 épargnants un patrimoine constitué de plus de 4100 actifs immobiliers (l’immobilier commercial représente 92% du marché français des SCPI, selon Tikehau ).

Des entrepreneurs en finance

Groupe de gestion d’actifs coté à Paris, Tikehau Capital est la plus spectaculaire des aventures entrepreneuriales de la finance parisienne (les fondateurs sont en lice pour l’awards BFM Business de l’Entrepreneur de l’année). La société a d’ailleurs publié ses résultats semestriels, ils confirment une croissance de 7% des actifs sous gestion (avant l’opération Sofidy), avec un taux de marge opérationnelle multiplié par deux à 25,7%. Et Tikehau compte bien accélérer encore au second semestre, renforcer son empreinte internationale, notamment, dit-il, à Madrid et New-York, et poursuivre des initiatives stratégiques, en finalisant, avec Groupama AM, un fond de « financement de l’économie » réservé aux PME.

Tikehau est entré en pleine lumière en embauchant François Fillon après sa défaite à la présidentielle. Pour les deux fondateurs, c’était évidemment une forme de manifeste : ils n’ont peur de rien, et certainement pas des rumeurs du tout Paris, et ne semblent pas prêts à respecter les convenances de place. C’est dans le même ordre d’idée qu’ils avaient un temps abrité Jean Pierre Mustier, l’ancien grand patron des marchés de la Société Générale, n+8 de Jérôme Kerviel, ou encore lancé l’assaut sur la vénérable société d’investissement Eurazeo aux racines plus que centenaires, sans toutefois parvenir à la conquérir (même s’ils donnent l’impression que ce n’est que partie remise et continuent à se renforcer au capital en rachetant des titres sur le marché).

A 45 et 42 ans , Antoine Flamarion et Mathieu Chabran ont une ambition européenne. Le monde de la gestion d’actifs est aujourd’hui quasi exclusivement l’apanage des américains, ils veulent inscrire une nouvelle marque dans le paysage, aux côtés d’Amundi, « nos modèles » disent-ils, « ce sont Henry Kravis et Stephen Schwartzman, les fondateurs de KKR et Blackstone (parmi les fonds les plus puissants du monde), des entrepreneurs partis de rien ». La route est encore très longue, ne serait-ce que pour approcher les montants gérés par les Américains. Elle n’a absolument pas l’air de les effrayer.