Automobile: "le marché des particuliers ne repartira que si le chômage baisse"
Les très bons chiffres des ventes de voitures au mois d'août incitent le Comité français des constructeurs à revoir à la hausse ses prévisions pour 2015. Mais ce rebond n'est pas encore alimenté par les ventes aux particuliers, déplore Bertrand Rakoto, analyste automobile.
La conjoncture est bien meilleure pour les constructeurs automobiles. Les immatriculations de voitures neuves ont bondi de 10% en août. Un rebond qui confirme la tendance de ces derniers mois. Si bien que le comité des constructeurs français d'automobile, le CCFA, va revoir à la hausse sa prévision pour l'ensemble de l'année 2015.
"Nous avions fait notre dernière prévision début juillet, avant que ne se règle la crise grecque, à +2%. Or aujourd'hui, nous sommes déjà à +5,3% par rapport à 2014. Donc on va formuler une nouvelle prévision au 1er octobre", prévient François Roudier, le porte-parole du CCFA, sur BFM Business ce mercredi.
"Il n'y a aucun indice d'un marché qui pourrait retomber au second semestre, même si traditionnellement, les six derniers mois de l'année sont moins bons que les six premiers", estime Bertrand Rakoto, analyste automobile chez D3 intelligence. D'autant qu'il y a "encore des actualités produits qui vont dynamiser la demande".
"Il faut rester très mesuré, parce que le dynamisme du marché est surtout tiré par ce qu'on appelle les ventes stratégiques, ces immatriculations faites auprès des loueurs de courte durée", moins par les ventes auprès des particuliers, nuance-t-il.
L'innovation, clé de la relance
Certes en août, les ventes auprès des particuliers ont augmenté de 7,9%, se félicite-t-il. Mais cette clientèle "reste en retrait sur l'année". "La tendance reste assez difficile et le marché des particuliers ne repartira pas tant que le chômage restera à un niveau élevé et continuera d'augmenter", assure l'analyste.
Outre l'emploi, la clé de la relance est l'innovation, la vitesse de création des nouvelles voitures par les constructeurs, souligne Bertrand Rakoto. "Les cycles des constructeurs français, de 7-8 ans, sont encore un peu trop longs. Aujourd'hui, nos voisins allemands et les Japonais ont atteint des cycles de 5 ans et demie à 6 ans de durée de vie des véhicules". Or selon lui, c'est vers cela qu'il faut se diriger puisque "cela correspond au cycle de renouvellement des gens".
Bertrand Rakoto considère que "les nouvelles plateformes communes vont permettre de se rapprocher de ces temps courts". Mais on n'y est pas encore tout à fait, ce qui explique que "la gamme DS, qui commence à être un peu âgée en dépit de restylage qui arrive, ait autant souffert au début de l'année".